Le général De Gaulle et la Pologne – relations exceptionnelles ?

Le général Charles de Gaulle entretenait-il des relations particulières avec la Pologne ? C’est la question à laquelle Marek Mikołajczyk, professeur à l’Institut d’histoire de l’Université Adam Mickiewicz, tentera de répondre lors de cette rencontre. Comme il le souligne dans son livre, la Pologne a été le sujet d’intérêt de de Gaulle depuis sa jeunesse. Dès son enfance, il a décrit les aspirations des Polonais à retrouver leur indépendance, tout en appréciant leurs efforts et leur persévérance dans la lutte pour la suprématie polonaise. Il a pu en apprendre davantage sur les affaires polonaises dans les années 1919-1921, alors qu’il était en Pologne en tant que membre de la Mission militaire française. Une fois de plus de Gaulle a dû faire face aux problèmes de la Pologne dans les années de la Seconde Guerre mondiale comme le chef de la France libre et chef du gouvernement. L’auteur souligne que son accord avec Staline, conclu en décembre 1944, qu’il était prêt à signer en échange de l’établissement de relations avec le Comité polonais de libération nationale (PKWN), est particulièrement controversé. De plus, quelques mois plus tard, malgré des signes inquiétants de la soviétisation de la Pologne, il décide de reconnaître le gouvernement provisoire d’unité nationale. Après 1958, de Gaulle, en tant que Président de la Vème République, se mobilise pour construire une Europe des nations de l’Atlantique à l’Oural. La visite qu’il fit en Pologne en 1967 pour l’inclure dans ce projet est encore mentionnée aujourd’hui. C’était son triomphe personnel. Il a été chaleureusement accueilli partout par des foules de Polonais, ce qui a été pour lui la preuve des liens forts entre les deux pays, ainsi que la confirmation que la Pologne fait partie de l’Europe. C’était aussi une sorte de voyage sentimental. Cependant, comme le note l’auteur, en raison de la réalité du monde de la guerre froide, sa dimension concrète était modeste. De Gaulle en était conscient. Il espérait, cependant, que la graine de liberté qu’il avait semée produirait une récolte au fil du temps. Et c’est ce qui s’est passé.